Un élan naturel

Avez-vous déjà observé nos tout-petits d’hommes de 16-20 mois. Ils babillent à peine quelques mots, ils sont encore très maladroits, et pourtant, ils tentent déjà de partager nos actions quotidiennes. 

Elan de contribution chez l'enfant

La répétition des tâches quotidiennes en leur présence et à force d’observations de leur part, voilà qu’un jour ce petit bout de chou vous surprend à tendre le ramasse poussière tandis que vous avez commencé à balayer, à sortir les courses du sac pour vous les tendre avant que vous les rangiez, etc.

C’est ce que j’observe chez ma propre fille, et je ne manque pas de la remercier et de célébrer sa participation à chaque fois que nous réussissons à terminer quelque chose ensemble.

Qu’est ce que le désir de contribution ? 

Cet élan, si naturel qu’il s’observe chez nos touts petits, est un élan de contribution : une part apportée à une œuvre, à une tâche ou encore à un travail (Cf : dictionnaire Larousse). Et lorsqu’il est naturel, nous pouvons voir que cet élan part toujours d’un désir à contribuer au bien d’autrui et du monde (cf. Marshall Rosenberg) [ii].  « C’est un élément essentiel pour une croissance saine et un développement équilibré», ajoute Rudolph Dreikurs.

Deux mains qui se tendent en réciprocité

Le désir de contribution peut être encouragé (par la célébration et par l’exemple) ou être découragé. Et lorsqu’un enfant ou adulte est découragé, il peut tout simplement croire qu’il n’a plus sa place parmi ses pairs, et peut être « à la racine de tout comportement inapproprié » (Rudolph Dreikurs). Les neurosciences démontrent très bien ce système de fonctionnement, d’apprentissage vicariant et du système d’inscription en circuit neuronaux des comportements qui sont renforcer par la répétition de l’observation active d’une pratique, de l’action effective de cette pratique, et de sa célébration a posteriori.

Situation de travail

Elan de contribution et sens au travail

La notion de contribution est d’autant plus importante qu’elle est sous-jacente à une expression courante « la valeur travail ». La valeur travail, au sens moral, est utiliser pour mesurer la contribution de chaque individu à la société, et l’on parle alors de déterminer le mérite et la juste rémunération d’une personne en fonction de cette valeur.

Je n’entrerais pas dans les considérations de la justesse ou non de cette idéologie. Simplement, j’affirme que cette idéologie est tellement présente dans les représentations sociales que le simple fait d’être « sans activité professionnelle » peut générer une perception négative de soi (quelle qu’en soit la raison). Et que cette image négative peut être renforcée par un entourage de personne qui estime, par exemple, qu’être au chômage c’est nécessairement ne « rien » faire.

Pourtant je lance un défi à mes lecteurs : ne faites rien pendant 1 heure. Rien que d’être assis et d’observer ce qui est présent là. Mais vraiment sans autre action que d’observer ce qui se passe là, dans le moment présent. Sans artefact comme la télévision ou le téléphone, ne faites rien et j’ai bien dis RIEN.  Pour ma part ça me rend dingue. Et d’expérience je connais bien des personnes qui en sont incapables.

Le confinement et la pandémie, comme irruption du réel dans nos vie, a aussi montré que même la société du spectacle et du divertissement « à en mourir » avait ses limites dans son pouvoir à nous occuper. Oui, Netflix et Google peuvent nous détourner du moment présent, de notre rapport à soi et au sens que nous donnons à notre action. Mais, à un moment nous ne tenon plus, nous avons besoin de bouger, de faire quelque chose, d’être utile à quelque chose, de travailler.

Le besoin de contribution s’incarne donc aussi dans le travail et les représentations que l’on porte autour du travail. Et au même titre que le désir de contribution, l’envie de contribuer par le travail peut être encouragé ou décourager. Vider le travail de son sens, ne pas témoigner de reconnaissance et de considération à celui qui contribue, isoler socialement le travailleur sont autant de facteurs décourageant pour celui qui travaille.

Moine en méditation

  

Conclusion 

Nous l’avons observé, le désir de contribution est dans toute articulation de l’élan de Vie et de moyens humains à réaliser cet élan. Et il est peut-être temps de reconnaitre qu’il y a de la cohérence à célébrer ces contributions pour une meilleur vivre ensemble.

Cette expression du désir est un besoin fondamental qui se retrouve dans le travail. La célébration, la reconnaissance (notamment par le salaire), la considération de la personne qui contribue par son travail est une également une manière d’encourager cet élan, sa motivation et son engagement.

J’aimerais terminer cet article par la légende du colibri telle que la racontait Pierre Rabhi :

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »

Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

Cet élan naturel du Colibri nous le possédons tous, peut être devrions nous le cultiver dans la perspective dans laquelle le colibri, ne se sacrifie ni ne se tue dans cette tâche, il connait ses ressources et ses limites, « je fais ma part, à ma mesure » et conclure que la contribution au monde et d’autant plus efficace qu’elle est ajustée ! A Soi, à la situation, à l’autre (ou les autres), au groupe et au système si tant est bien que les acteurs du système eux-mêmes sont amené à intégrer ce comportement et de fait de modifier le dit système. (Cf. Economie : théorie du Donut)

Pour aller plus loin une vidéo de l’astrophysicien Aurélien Barrau en interview chez France Inter : Pour une révolution politique, poétique et philosophique.